Amino propose une page d’accueil reprenant tous les aminos dont l’utilisateur fait partie. Cette interface se présente comme un patchwork de l’identité multiple : elle révèle la pluralité des passions, des intérêts et donc l’aspect multi-facette des individus. En effet, Amino met en lumière la pluridentité des utilisateurs, qui ne sont pas définis par une seule passion. Le profil peut également être modifié et varie selon l’amino dans lequel nous nous trouvons. Ainsi, les utilisateurs peuvent écrire autant de bio qu’ils ont de profils dans différents aminos et se présenter de manière différentes dans chacun. La page d’accueil de l’application représente un condensé des intérêts de l’individu. Beaucoup d’utilisateurs font partie de différents aminos. Ici, on a des individus qui s’autoreprésentent. Selon l’amino dont les utilisateurs font partie, ils mettent en valeurs certains aspect de leur profil. Sur les aminos mangas, l’aspect fan est bien sûr très mis en avant mais certains se définissent aussi comme fan de mangas ou de culture asiatique dans des aminos moins propices comme dans les aminos LGBT+, où ils décident aussi de s’identifier comme fan.
Les utilisateurs s’identifient différemment selon le groupe rejoint. Il est intéressant d’observer les profils pour voir quelle est la facette de son identité qui est mise le plus en valeur. Les individus se construisent une identité plurielle et narrative, effectuent un «bricolage esthético-identitaire». Cette question d’identité multifacette est développée dans l’ouvrage de Lisa Nakamure qui parle de “tourisme d’identité” dans “Cybertypes : Race, Ethnicity, and Identify on the Internet”: elle explique que de multiples et nouvelles identités peuvent être créer en fonction du site internet que l’on visite, ce qui permet à l’individu d’être libre de se présenter comme il le souhaite, de montrer ce qu’il a envie donc une capacité à “visiter” internet avec une nouvelle identité à chaque fois.
Cette identité se construit également par rapport aux autres : les utilisateurs cherchent l’acceptation, la validation par les autres membres afin d’adapter la manière de se présenter. On observe beaucoup de test de popularité dans les différents aminos, pour voir si les autres nous apprécient, ce qu’ils pensent de nous, souvent grâce à des sondages. On observe une forme de reconnaissance recherchée au sein de la communauté de fan, surtout présente dans la «culture fandom».
L’enquête sur Amino permet de révéler la véritable quête de sociabilité dans laquelle se lance les membres de communautés, qui cherchent à créer des liens en dehors de leur cercle familiale et amicale proche géographiquement ou déjà constitué et fermé. Pour les fans de culture geek, on peut se référer à la figure de «l’otaku», en contraste avec une figure du fan en quête de sociabilité. L’otaku est une figure du fan de culture manga japonais qui serait socialement isolé. Au Japon, l’otaku est une figure qui pose de sérieux problèmes sociétaux, les parents craignant avoir un fils otaku s’isolant socialement, ne faisant pas de rencontres professionnelles, amicales ou amoureuses préférant les relations virtuelles. La notion d’otaku porte aussi une forte dimension genrée qui est toujours identifié comme un homme. Otaku est donc un terme à connotation péjorative qui a été repris par les fans eux même, réapproprié et remanié comme compliment. L’otaku est maintenant un fan au statut supérieur, possédant une connaissance très pointue, presque une figure de l’expertise dans la communauté. De plus, on trouve également des femmes s’identifiant comme otaku. On retrouve beaucoup d’aminos s’identifiant comme des communautés d’otakus. Ses membres s’adressent aux autres en s’identifiant comme otakus. Ils revendiquent cette identité comme marque d’un statut de fan supérieur. L’otaku, figure de l’isolement recherche sur ce réseau des sociabilités entre otakus autour de son objet, il va pouvoir se placer par rapport aux autres dans la fandom et obtenir de la reconnaissance.
Amino incite véritablement à la sociabilité et propose par exemple de suivre et de discuter avec tout le monde à son arrivée dans un groupe. Ces sociabilités créées ne se limitent pourtant pas à l’application, elles se poursuivent sur d’autres réseaux, d’autre applications comme Snapchat, Skype ou d’autres réseaux sociaux comme Facebook. De vraies sociabilités sont donc construites, sur le long terme. Certains se réapproprient également l’application dans le but de faire des rencontres amoureuses : il semble plus facile de rencontrer quelqu’un partageant des passions et donc susceptible de nous intéresser au sein de la communauté dont nous faisons partie. Les utilisateurs sont à la recherche de sociabilité à proximité de chez eux afin de de porter à la réalité ces sociabilités, en se rencontrant. Les membres tentent d’apprendre à se connaître le mieux possible, beaucoup de sondages posent des questions sur l’âge, le niveau études, la localisation voir des détails. Ces sondages nous permettent de cerner le profil type de la communauté. Les membres cherchent à savoir à quel point les autres membres leur ressemblent, ils cherchent à identifier les membres. La page de présentation de l’application le met en avant, Amino permet de communiquer avec des «gens comme vous autour du monde». Les utilisateurs chercheraient donc des sociabilités avec des personnes semblables à eux-mêmes, partageant des intérêts ou des modes de vie mais géographiquement éloignées.
Certains cherchent à faire le plus de rencontres possibles, en rejoignant plusieurs aminos qui peuvent se rejoindre : nous avons rencontré des profils présents sur deux aminos LGBT+ différents mais très similaires, qui ont conservé la même présentation.
Maintenant, place au quiz !
Est-il possible de varier son profil selon l'Amino dans lequel nous nous trouvons ?
En effet, on peut changer à chaque fois !
As-tu vraiment bien suivi nos explications ?
Quelle notion a développé Lisa Nakamura dans son ouvrage « Cybertypes : Races, Ethnicity, and Identity on the Internet » ?
Bravo, tu as évité le piège !
Notion importante, mais pas la bonne ici...
Comment est-ce que la figure de l'otaku est perçue au Japon ?
Parfait !
Hm, t'as tout faux...
Quel est le "slogan" d'Amino ?
T'as bien lu !
C'est raté !