Il n’est pas question ici de vous conjurer d’arrêter d’écouter en streaming, de retirer toutes vos données et d’abandonner Spotify. On se doute bien que ce que vous ressentez envers ces recommandations personnalisées n’est pas tant une question de confiance que de commodité – ce qui n’est pas si grave puisqu’après tout, vous n’avez pas la même relation émotionnelle avec l’application Spotify qu’avec d’autres prescripteurs comme votre tante experte en jazz, votre amie dj ou votre mec fan de musique française.
Cette économie de l’attention qui se fonde sur la prédiction, ce fantasme de couvrir l’ensemble de nos rapports – y compris émotionnels – à la musique, de correspondre à tous ses auditeurs, semble un peu mégalomane, et irréalisable de la part des plateformes : l’expérience musicale dépend de tant de valeurs subjectives qu’elle peut difficilement être quantifiée ou résumée à des données.
Chacun.e développe des tactiques d’écoute qui mêlent, le plus souvent, divers dispositifs et plateformes, et divers prescripteurs.
Pour autant ce qui semble se dessiner avec ces nouvelles pratiques d’écoute, c’est justement un écart grandissant entre d’une part, des auditeurs passifs, qui font l’expérience de la musique sans se passionner pour et qui trouvent donc bien commodes ces nouveaux outils qui s’ajustent automatiquement à leur goûts, et d’autre part des auditeurs actifs, amateurs et experts, qui jouent avec mais ne se satisfont pas des algorithmes. Ainsi en parallèle à ces algorithmes, se déploient de nouvelles formes de recommandation numériques.
Pour aller plus loin :
Le lien vers Dig it!, une série d’ARTE Creative sur les nouvelles manières de découvrir et de recommander de la musique
Le lien vers le podcast d’une émission-conférence enregistrée pour l’anniversaire de Comala radio, “Les mutations des radios musicales à l’ère du numérique”
“Uncovering how streaming is changing the sound of pop”, un article du magazine Pitchfork à propos de l’influence du streaming sur l’industrie musicale (en anglais)
Et pour tester ce que vous avez retenu, c’est par ici