Une standardisation de la musique ?

“Spotify tells you what your job is” Elizabeth Mencel (Roses), chanteuse

L’arrivée des algorithmes dans nos habitudes d’écoutes peut en inquiéter plus d’un : que se passe-t-il quand les producteurs de musiques s’appuient sur des chiffres, des données, pour écrire de la musique ?

Rappelons d’abord que l’alignement des producteurs sur le top des charts ne date pas d’hier : l’histoire de la musique enregistrée est en partie liée aux changements des formats et des techniques d’écoute.

Une promesse irréalisée

La démultiplication du catalogue permise par le streaming semblait promettre une écoute diversifiée, et l’accès du grand public aux musiques dites de niche.

Des morceaux pop qui s’alignent sur nos nouvelles pratiques d’écoute

La musique évolue avec nos pratiques d’écoute, et les données récoltées par les services de streaming permettent une forme de standardisation de l’industrie musicale. Aujourd’hui, les tubes pop sont pour la plupart faits par les mêmes producteurs, et les mêmes “top-liners” (souvent des femmes, qui s’occupent de trouver les mélodies principales, les paroles et les “hooks” qui accrochent l’oreille).

Les 30 premières secondes d’écoute deviennent déterminantes pour la rémunération de l’artiste : elles seraient prises en compte dans les calculs de Spotify. Ça veut dire que si l’auditeur se contente de zapper, la plateforme ne compte pas ça comme un stream. Il faut donc réussir à accrocher l’oreille dès le départ, et pour ce faire, les producteurs s’appuient notamment sur :

  • Une anticipation de l’escalade
  • La participation d’une guest-star
  • L’utilisation de samples (on a tendance à laisser jouer ce qu’on à déjà entendu avant, ne serait-ce que par envie de reconnaissance)

De la même manière, les morceaux se font plus courts, et les refrains arrivent plus tôt.

Avec le streaming, on écoute peut-être plus souvent de la musique, mais on l’écoute seul.e.s, avec des casques ou des écouteurs : les producteurs s’en servent pour chercher à provoquer une sensation d’intimité entre le chanteur et l’auditeur. Ainsi les chanteurs marmonnent à nos oreilles, et même les rappeurs s’y mettent.

Un exemple ? Allez donc écouter quelques uns des morceaux les plus streamés sur Spotify (promis, vous êtes pas obligés de dépasser les 30 secondes)