Module 3 : Le déplacement vers la terre

Début du wwoofing 

A partir des années 70, on commence à parler de migration néorurale qui s’inscrit dans un mouvement libertaire et hippie valorisant le « retour à la nature » selon B.Hervieu et D.Léger et qui font apparaître les premiers signes d’une remise en question de l’ordre urbain afin de retrouver un mode de vie authentique et de vivre selon ses codes.

C.Rouvière, distingue cinq vagues de néo-ruraux. Ces derniers sont des populations venues de la ville, partis des Etats-Unis voulant fuir les contraintes de la société capitaliste. Mai 68 a été un accélérateur de cette démarche, mais il y a eu dans les années 60 des prés-curseurs comme P.Rabhi.

A partir de 1968, C.Rouvière distingue  cinq vagues successives :

  • La vague des « marginaux »/« hippies » : elle commence dès 1967 culmine en 1973. Les néo-ruraux s’installent en priorité en Ardèche, dans les Cévennes, où les prix sont bas. Il y avait une volonté de refonder l’économie capitaliste en se nourrissant des revendications politiques.

 

  • 1975 : cette deuxième vague cherche à s’insérer dans la population locale, en construisant une vie leur permettant de subsister économiquement. Cette vague est portée par les inspirations écologiques, elle est rejointe en partie par les néo-ruraux de la 1ère vague, c’est ce que les auteurs B.Hervieu et D.Légier ont appelé le « déplacement de l’utopie » correspond à la fin de la croissance économique véhiculant une nouvelle représentation de la vie.

 

  • Entre 1985-95 : contrairement aux vagues précédentes, les individus vont à la campagne en raison du cadre de vie qu’elle offre plutôt qu’un genre de vie.

 

  • Entre 1995-2005 : cette vague est composée d’individus en grande précarité qui pensent pouvoir vivre à moindre coût et souhaitant bénéficier d’une plus grande solidarité.

 

  • Depuis 2005 : cette nouvelle vague qualifiée de « nouveaux autarciques » ou de « prolétaires cognitifs » appartenant au mouvement altermondialiste, inclut tous les mouvements sociaux. Ils s’installent de manière choisie ou subie et renouent avec l’idée de la première vague.

Pour I.Badou, le déplacement est producteur de sens puisqu’il produit des discours mais aussi de l’organisation et des dispositifs. Pour l’auteur, ce qui est engagé, lors d’un déplacement, ce sont les représentations qu’ils produisent du monde, de leurs territoires, de leurs institutions, de leurs identités et de leurs relations. Ainsi dans le rapport à la nature,  on ne célèbre jamais “autant la nature pure et sauvage que quand le tourisme produit la « démocratisation » de son accès en développant des moyens”.