Bienvenue à tous les nouveaux Nudinets et les nouovelles Nudinettes voulant en savoir un peu plus sur la pratique de la sexualité virtuelle ! Enjoy
Introduction
La démocratisation du numérique en France a pensé autrement la socialisation. En effet, elle va créer « de nouvelles manières d’être ensemble. » Il y a une forme de liberté. Il est donc plus simple de s’adonner à une relation virtuelle, qu’à s’intéresser à des relations humaines réelles. Comme si le risque était moins grand. Notamment dans le domaine de la sexualité, le fait d’être derrière un écran nous paraît plus libérateur, sécurisant dans un premier temps mais, peut aussi nous faire peur et être déstabilisant. On peut donc se demander si le digisexe est-il une Evolution ou une Révolution dénué de conséquence ? Pour répondre à cette question nous allons nous intéresser dans un premier temps à la démocratisation de la sexualité, puis la femme au cœur de cette pratique, et pour finir de la protection de notre vie privée et ses dérives.
Section 1
I. La democratisation de la sexualité
L’hypersexualisation de la société est vue comme une évolution, tout devient sujet à l’érotisme. Il y a une démocratisation de la sexualité d’un point de vue général. L’exhibition est devenue banale. Ici nous allons quand même faire la part des choses entre l’amour et le désir.
La démocratisation du cybersexe peut entraîner une desexualisation :
« Le développement de la cybersexualité présente des effets paradoxaux encore peu analysés :
-une levée des tabous induite par la tendance à l’exhibitionnisme et l’éventail des pratiques des plus basiques aux plus extrêmes.
-une standardisation de la sexualité, conséquence de la rationnalisation de la vie sexuelle propre aux lois du marché » 1
Il y a une contrainte sociale de se mettre à nue, donc le nude n’aurait pas la même valeur érotique. L’intimité n’est plus la même, son statut change, notamment avec l’arrivée de l’hypersexualisation. Les codes diffèrent entre les hommes et les femmes. On va noter que le cybersexe féminin est plus sensuel, alors que le cybersexe masculin est plus abrupt.
D’autres codes peuvent être mis en exergue : « Les jeunes de moindre niveau scolaire expérimentent plus directement le coït » Ici, on peut donc penser que ces personnes n’ont pas les mêmes « codes photographiques », photo plus trash, plus pornographique qu’érotique.
L’érotisme va être lié au plaisir virtuel, au consentement mutuel des corps-esprits.
« Le cybersexe est un jeu de séduction où se croisent dans l’illusion de la proximité des inconnus lointains, où se frôlent des amours virtuels dans l’instantanéité du courrier électronique »
« Sociologie des comportements sexuels » de Maryse Jaspard
Section 2
II. La femme au cœur de la pratique du cybersexe
« en 1980, la littérature érotique n’est plus le domaine réservé des hommes »1
La révolution est telle que la femme est au centre de cette pratique. La sexualité n’est plus un milieu réservé aux hommes. La femme connaît les codes, on peut le voir comme une sorte d’objectivation du corps mais pas seulement. C’est a la femme de susciter le désir et donc de mener le jeu. Il y a donc ici une certaine domination féminine.
On peut aussi mettre en avant le pouvoir du récepteur, c’est lui qui diffuse, et donc acquiert une forme de supériorité. Mais le pouvoir est aussi dans le rôle du récepteur, puisqu’il est créateur de désir.
La femme est aussi au centre de cette pratique puisque dans la plupart des cas, c’est son corps qui est montré et qui est symbole de désir.
« A travers le mythe de l’orgasme vaginal et de la frigidité, s’exprime la volonté de briser les tabous qui contraignent la sexualité féminine et la revendication du plaisir »
On conçoit bien ici la dissidence entre l’homme et la femme :
« Les garçons affichent des motivations conformes à l’image de la virilité. Presque la moitié des garçons ont déclaré avoir eu leur premier coït par attirance et désir physique, 38 % par amour contre 61 % des filles. L’attirance le désir et l’amour ne sont pas incompatibles, ces réponses stéréotypées relève davantage des représentations sexuées que des pratiques sexuées. »
1« Sociologie des comportements sexuels » de Maryse Jaspard
#CondomEmoji
L'émoji Aubergine est-il plus utilisé dans le langage culinaire ou sexuel ?
L'émoji pêche est plus utilisé dans le domaine fruitier ou sexuel ?
Aujourd’hui, le langage utilisé sur les réseaux sociaux peut aussi porter à confusion, et Durex l’a bien compris. Avec une pub très parlante, la marque nous prouve que notre esprit est constamment connecté à des allusions sexuelles que seuls ceux utilisant les réseaux sociaux peuvent comprendre.
Section 3
III. La protection de notre vie privée et ses dérives
Une évolution et une révolution sont à constater, mais il y a tout de même une protection de notre intimité.
« La rapidité, voire l’instantanéité, la prolifération, la diversité et souvent la gratuité facilitent les échanges érotiques »
On va utiliser la règle des trois A « abordable, anonyme, accessible », par peur du porn revenge, et la plupart du temps cette pratique est féminine.
« Les conséquences du cyberharcèlement, arme de destruction de l’autre extrêmement efficace, sont mal perçues par les adolescent-e-s qui s’y adonnent. Libérant l’individu du consentement de l’autre, fondement de la liberté sexuelle, la tentation d’une sexualité virtuelle, sans altérité charnelle et sans limites, se fait jour, agitant l’épouvantail de la déshumanisation de la sexualité. »
Ici, nous allons aussi questionner sur la question de l’infidélité. Puisque le virtuel entraîne nous fait penser que la tromperie n’est pas réelle, donc pas valable.
Puis, la pratique du digisexe donne lieu à des fonctionnalités : Notamment avec snap, l’émetteur du nude va pouvoir choisir le temps de visionnage de la photo qu’il envoie.
Section 4 – Interview 1
RÉSUMÉ DES QUESTIONNAIRES
Les questionnaires ont été réalisés sur la base du volontariat d’hommes et de femmes entre 19 et 24 ans.
Question 1 : Le cybersexe (sexto, nudes, sextapes) est une pratique : normale/libérée/choquante ? Et pourquoi ?
La plupart des réponses sont dirigées vers la normalité et la liberté de la pratique du digisexe.
Normalité car elle se fait facilement, et libérée car moins honteuse mais pas complètement démocratisée puisque le fait d’en parler par se restreindre au cercle d’ami(e)s proches. Le contexte actuel est aussi un élément très important : la démocratisation des outils de communication : on revient ici à l’idée que les pratiques donnent lieu à des fonctionnalités, la société hypersexualisée, il n’y a rien de choquant (avec les clips musicaux qui mettent à nue le corps de la femme par exemple). De plus, il arrive que les couples vivent loin l’un de l’autre et que le digisexe devient une nécessité pour entretenir le désir. Puis, dans les années 70, la sexualité était tout aussi débridée mais aujourd’hui, les réseaux sociaux servent à faire passer un message « je n’ai pas de complexes, regarde ce que j’ai », avec l’idée de la mise en scène de soi.
Section 4 – Interview 2
Question : Quelle différence voyez-vous entre le fait d’être plus à l’aise virtuellement plutôt que réellement et vice-versa ?
Ici, nous constatons que le fait d’être plus à l’aise virtuellement relève d’une certaine timidité, du désir de pouvoir gérer et cacher ses complexes, on va choisir les mots, les images, tout ce qui nous convient au mieux, nous allons prendre le contrôle. Le virtuel notamment sur les réseaux sociaux permet aux personnes timides de se sentir « être quelqu’un ». La spontanéité n’est pas de mise ici. Virtuellement nous pouvons être vraiment nous-même ou en tout cas ce que nous voulons être. Cela revient aussi à la mise en scène de soi. De plus, le jugement du récepteur n’est pas direct donc moins impactant. Réellement, on se sent plus vulnérable puisque mis à nu, et le naturel n’est pas chose aisé pour tout le monde. Mais, des volontaires mettent aussi en avant le fait que le virtuel peut permettre à une personne de se libérer. Donc la pratique du digisexe peut être intéressante mais ne doit pas remplacer une relation réelle. L’acte en lui-même est une osmose où les défauts de l’autre sont minimisés face à l’adoration du corps du partenaire. Puis, un(e) volontaire accentue le fait qu’il faut s’aimer dans les deux contextes : le virtuel et le réel, mais un(e) autre y voit vraiment une séparation et maintient qu’il est préférable d’être à l’aise réellement que virtuellement.
Section 4 – Interview 3
Question : La vengeance pornographique (le porn revenge) est-elle un outil efficace ? Pourquoi ?
L’intimité et la confiance sont des notions très présentes dans le cas du porn revenge. En effet, cet outil permet de faire passer l’intime au public sans le consentement de la personne concerné, ce qui peut détruire littéralement quelqu’un. Surtout une personne que l’on a aimé, ou qui a eu notre estime. La vengeance par elle-même est toujours mal placée puisqu’elle engendre des dégâts (intimes, sociaux, professionnels) pour la victime. Cet outil va être faîte dans le but d’humilier quelqu’un avec des éléments les plus intimes possibles : la démonstration du corps, du désir. Un(e) volontaire met en lumière le fait que le porn revenge est un outil donné à l’autre pendant la relation de couple, mais il s’agit de l’acte le plus privilégié que l’on peut donner à une personne, et quand cette dernière s’en sert, la victime va se sentir salie. Un(e) autre volontaire, nous parle de conscience de risques et de passage d’un accord entre les deux parties, pour minimiser le risque de destruction par le porn revenge.
Section 4 – Interview 4
Question : quel est selon vous le contexte propice à ce genre de relation virtuelle ? Où (endroit) ? Quand (moment de la journée et moment dans la relation) ? Comment (quelle application et quelle technique) ?
L’outil utilisé prédominant est Snapchat, cette application nous conforte dans la sérénité de l’éphémère et nous sommes prévenus de l’impression de la photo envoyée (le screen). Donc nous revenons sur l’idée de la suppression de preuve et donc de minimisation de risque de vengeance ou de dévoilement de la photo à un public quelconque. Mais les volontaires sont conscients que le digisexe peut se faire par message, appel téléphonique ou même encore webcam. De plus, la pratique du digisexe n’est pas réservée qu’aux couples, elle peut se faire entre partenaires certes, mais aussi entre sex-friends, après avoir fait connaissance avec quelqu’un, ou encore dans une relation à distance (le couple est dans l’incapacité de se voir mais souhaite quand même avoir une intimité). Mais c’est une pratique qui reste relativement personnelle et tabou. Pour un(e) volontaire, le digisexe peut avoir plusieurs intérêts, pour un jeune couple cela permet de se découvrir et pour un couple inclus dans une relation longue, cela peut s’avérer efficace pour relance le désir.
Pour ce qui est du moment, les volontaires s’accordent tous pour dire que le soir est plus approprié, chacun est seul chez soi, inoccupé et donc complètement dévoué au digisexe. De plus, c’est à cette période de la journée que le manque de l’autre se fait ressentir. Donc, c’est un moyen de lui dire que nous aimerions qu’elle soit à nos côtés.